dimanche 20 octobre 2013

CROYONS-NOUS ENCORE A LA JUSTICE?

            Luc nous transmet une brève parabole nous rappelant que Jésus l’avait racontée pour expliquer à ses disciples « comment ils devaient toujours prier sans se décourager ». C’est un thème très cher à l’évangéliste qui reprend à maintes reprises la même idée. Naturellement, cette parabole a souvent été lue comme  une invitation à la persévérance dans notre relation à Dieu dans la prière.



            Cependant, si nous remarquons le contenu du récit et la conclusion tirée par Jésus lui-même, nous constatons que la clé de la parabole est la soif de justice. L’expression « faire justice » est reprise quatre fois.  Plus qu’un modèle de prière, la veuve du récit est un exemple admirable de lutte pour la justice au milieu d’une société corrompue qui abuse des plus faibles.

            Le premier personnage de la parabole est un juge qui “ne craint ni Dieu ni les hommes”. Il est l’incarnation exacte  de la corruption souvent dénoncée par les prophètes : les puissants ne craignent pas la justice de Dieu et ne respectent ni  la dignité  ni les droits des pauvres. Ce ne sont pas de cas isolés. Les  prophètes dénoncent la corruption du système judiciaire en Israël et la structure machiste de la société  patriarcale de ce temps-là.

            Le deuxième personnage est une veuve vulnérable dans une société injuste. D’une part, elle vit en subissant les abus  d’un « adversaire » plus puissant qu’elle. D’autre part, elle est victime d’un juge qui se  moque royalement de sa personne et de ses souffrances. C’est-là la vie de millions de femmes de tous les temps, dans la plupart des peuples.

            En tirant la conclusion de la parabole, Jésus ne parle pas de la prière. Il demande avant tout, d’avoir confiance en la justice de Dieu : « Dieu, ne fera-t-il pas justice  à ses élus qui crient vers lui jour et nuit » ? Ces élus en question  ne sont pas « les membres de l’Eglise » mais les pauvres de tous les peuples qui crient en demandant justice.  Le Royaume de Dieu est à eux !

            Jésus pose ensuite une question qui est tout un défi lancé à ses disciples: “Lorsque le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il encore cette foi sur terre? » Il ne pense pas à la foi en tant qu’adhésion à une doctrine mais à la foi qui pousse cette veuve à agir : modèle d’indignation, de résistance active et de courage pour réclamer justice face aux corrompus.

            Est-ce que ce sont là la foi et la prière des chrétiens satisfaits de nos  sociétés du bien-être ? J.B. Metz a sûrement raison lorsqu’il dénonce qu’il y a dans la spiritualité chrétienne trop de cantiques et peu de cris d’indignation, trop de complaisance et peu de nostalgie d’un monde plus humain, trop de consolation et peu de faim de justice.

Auteur: José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna, csv

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           20  Octobre  2013
      29 Temps ordinaire (C)
                       Luc, 18, 1-8



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